Emblématique du prog metal européen version violon, le sextet allemand Ally the Fiddle sort Up, un étonnant opus à la fois mélodique, speed et subtil.
Fondé en 2008 par Ally Storch (chant, violon) Ally the Fiddle est une expérience musicale aventureuse, qui au-delà de ses orientations prog et metal, se faufile allègrement dans les contrées ultimes du jazz fusion. Ally Storch cite d’ailleurs souvent comme référence Jerry Goodman - le violoniste de jazz et rock américain, membre du sextet de rock The Flock et du légendaire Mahavishnu Orchestra -, qui d’ailleurs est invité sur le titre « Try To Stop Me ». Outre le line-up, l’on trouve invités dans Up de talentueux musiciens comme le batteur Marco Minnemam (Steven Wilson, The Aristocrats) ou le guitariste Jen Minnemam (Evanescence). Dans l’ensemble ce CD (9 titres) se révèle consistant, et sur près d’une heure l’on ne peut que constater l’habileté d’ Ally the Fiddle d'harmoniser son jazz fusion sophistiqué à des ambiances prog et metal. Par moments certains titres rappellent même un peu d'éminents ténors des seventies. « Sisyphos » a un parfum du Gong - période Shamal. « The Bass Thing » rappelle le Pierre Moerlen’s Gong. Quant à l’élégant classicisme du violon électrique sur « Aphotic Zone », il n’est pas sans évoquer les envolées aventureuses de Jean-Luc Ponty. Dans cet environnement classique et metal, Ally the Fiddle propose donc une musique puissante et émotive, avide autant de sonorités musclées que d’astucieux arrangements proches des musiques du monde. Par ailleurs la voix d’Ally Storch - cristalline et indécise - colle idéalement à ces ambiances symphoniques et tribales, comme l’on constate dans « Center Sun » ou « Sisyphos ». Le seul petit reproche que l’on pourrait faire serait d’avoir inclus « Try To Stop Me ». Sans être déshonorant, ce titre se révèle plutôt prévisible avec son violon survolté, la grosse caisse et la basse à fond. Passé ces défauts mineurs, l’on découvre un opus ambitieux, en tout cas bien au-dessus de ce qui se fait dans le genre. On y trouve des compositions mélodiques comme dans le sobre et aventureux instrumental « The Bass Thing » aux ambiances world et classiques. Par son agileté rythmique et ses envolées exotiques « The Path » se profile un exercice pertinent de jazz fusion que n’aurait pas renié le regretté percussionniste Pierre Moerlen. Quant à « Living In A Bubble », il retient l’attention par son chant harmonieux - très proche de celui de Jon Anderson (Yes) - ainsi que par son agilité nerveuse, proche d’un Rush ou d’un Dream Theater. Au final Up se révèle une belle réussite, conciliant à la fois virtuosité musclée et climats lumineux.
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