Dans Amy Winehouse - No limits Pascal Louvrier tente de percer les mystères entourant la brève vie de la chanteuse britannique, emportée tragiquement à l’âge de 27 ans.
Diva météore du jazz, Amy Winehouse (1983-2011), qui ne sortit de son vivant que deux opus [Frank (2003) et le succès planétaire Back to Black (2006)] , rassemble tous les ingrédients de la mythologie rock : sensibilité d'écorchée, passion artistique tragique, addictions extrêmes puis mort violente. Dans une biographie minutieuse, riche en témoignages inédits, Pascal Louvrier zoome subtilement sur cette vie trop rapidement bouffée par l’autodestruction. En effet, Winehouse rejoint le club confidentiel des stars de rock disparus avant 30 ans, qui comptait entre autres comme hôtes illustres Jim Morrison, Janis Joplin, Kurt Kobain et Ian Curtis. Entraînée dans l’enfer de la dope par un mari junkie (Blake) et déstabilisée au cours de sa carrière par un père (Mitch) peut-être attentionné mais obsédé par l’argent et le bizness de la musique, Winehouse multiplia durant sa courte vie les rencontres malheureuses. Elle fut aussi pendant des années une des principales victimes des journaux à scandales et de la presse people, révélant généreusement ses scarifications, ses excès boulimiques, ses déboires sentimentaux ou ses addictions multiples (alcool, drogues...). Trouvant le ton juste pour décrire cette descente aux enfers mais aussi pour évoquer la beauté sauvage et l’aura poétique du talent d'auteure-compositrice de Winehouse, le biographe français propose un intéressant regard sur la personnalité de cette chanteuse fragile et dure, solaire et infiniment marginale, si proche d’un univers rimbaldien. « Amy avait une part obscure en elle. Elle était tout à fait différente. », signale dans le livre un proche (Nick Godwyn) de la chanteuse disparue. Si Louvrier revient largement sur le rapport freudien (!) entretenu entre la chanteuse et son père ainsi que sur celui complètement destructeur la liant avec son ex-mari, on apprend également des infos plus confidentielles. Ainsi, son livre évoque l’amitié qui la lia à son voisin de Camden (Londres), le chanteur de rock Pete Doherty - le parfait bad boy avec une sensibilité de poète, note Louvrier. (En février 2017, Doherty consacra même quelques passages de son livre à Winehouse, honorant sa mémoire dans son Journal d’Arcadie *.) Egalement, le livre nous apprend le lien très fort qui unissait la chanteuse avec Cynthia, sa grand-mère paternelle, morte d’un cancer du poumon en 2006. Chanteuse de jazz, elle était aussi fiancée avec le grand saxophoniste Ronnie Scott. Dans son épilogue, l’auteur résume ainsi toute la fatalité de l'exceptionnel destin de Winehouse : « Elle avait compris très jeune que c’était cuit. Que sa fêlure était inguérissable. ‘ You know I’m no good ‘, avait-elle écrit, lucide. »
* Pete Doherty, Journal d’Arcadie, Le Castor Astral, 2017, pour la traduction française
Pascal Louvrier, Amy Winehouse - No limits, éditions l’Archipel, 240 pages, 2018
Amy Winehouse aux Eurockéennes de 2007
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