Troisième long métrage de Roberto Minervini [Vodoo Doll (2005), Low Tide (2012)], écrivain et réalisateur italo-américain, Le Cœur battant [Stop The Pounding Heart] surfe entre fiction poétique et documentaire social. Né d’une rencontre - en 2009 - entre le réalisateur et la famille Carlson dans un marché fermier, le tournage a duré deux mois.
S’inscrivant dans la tradition des cinéastes essayistes à tendance ethnologue, Le Cœur battant est un film plutôt original, ayant pour source l’amitié du cinéaste pour cette famille - un peu spéciale - d’éleveurs de chèvres, enseignant à leurs douze enfants, scolarisés à la maison, les stricts préceptes de la Bible. Dans ce docu-fiction rustique au climat un peu étrange, Minervini plonge subtilement sa caméra chez les habitants de ce lopin du Texas rural, dont la vie semble absorbée par l’élevage des ruminants à cornes, une pieuse récitation de psaumes et le maniement fébrile d’armes à feu. L’histoire plutôt vague oriente le spectateur vers la relation ambivalente entre Sara Carlson - l’une des douze sœurs - et Colby, jeune rodéo amateur en pinçant pour elle et fraîchement débarqué.
Le Cœur battant
Le Cœur battant est un film avec peu de dialogues, propulsé par des gros plans expressifs de visages, par la vision tranquille du paysage campagnard texan et par la place centrale des bêtes (chèvres et taureaux). En outre, un certain raffinement pictural se dégage de certaines scènes comme celle - à l’atmosphère impressionniste - du pique-nique dans la clairière des sœurs Carlson. Visiblement, tel le peintre hollandais Vermeer, Minervini aime figer ses silhouettes féminines à coiffe et longue robe dans l’environnement rustique d’une ferme, nous suggérant ainsi à travers la captation des visages mélancoliques la dureté du mode de vie des Carlson. Porte-parole des préceptes religieux de la famille, la mère - dans un dialogue bergmanien - initie Sara incrédule à la part nécessaire de souffrance de la vie qui l’attend. Long métrage peut-être difficile d’accès, marqué par le symbolisme et le fatalisme, Le Cœur battant est une œuvre qui se laisse deviner. A travers les Carlson, Minervini interroge l’éducation, le refoulement du désir, le poids des habitudes ou encore le conflit potentiel entre religion et société civile.
durée : 1 h 40
Le Cœur battant, un film de Roberto Minervini, Etats-Unis/Italie/Belgique, 2013
Avec Sara Carlson, Colby Trichell, Tim Carlson
durée : 1 h 40
Le Cœur battant
Avec Sara Carlson, Colby Trichell, Tim Carlson
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