Premier long métrage de Basil Da Cunha - réalisateur suisse d’origine portugaise -, Après la nuit, entre polar glacé et documentaire psychologique, nous plonge dans le climat anxiogène d’un bidonville créole de Lisbonne, lieu de vie d'un rasta paumé (Sombra) confronté à la cruauté d’un gang.
Pour ce film à l’esthétique violente, Da Cunha a choisi comme décor naturel Reboleira, lieu étrange avec ses ruelles kafkaïennes, ses abris de tôle bruyants et son architecture labyrinthique de caves à souris et de toits à chats. Son personnage principal, tout juste sorti de prison, le solitaire Sombra vit dans un grenier en compagnie d’un iguane. Sur le ton du réalisme social un brin pasolinien et du film noir fataliste à la Scorsese, Après la nuit approche des thèmes universels comme la survie, le courage, la désespérance.
Après la nuit
Le marginal Sombra y apparaît comme la victime sacrificielle du monde - impitoyable - des gangs avec leurs humeurs à géométrie variable et leurs codes d’honneur à lames de couteaux. Ilot inhospitalier, le bidonville est au centre de toutes les embrouilles : drogue, dette, flingue, bagarre, vol... Et dans cette jungle violente, Reboleira apparaît symboliquement comme le lieu qui peu à peu prend possession de la santé mentale de Sombra. D’ailleurs, le long métrage ne prend véritablement son envol que dans sa seconde partie, après la minutieuse évocation du fonctionnement du gang. A partir de là, sur un mode un peu expressionniste, Da Cunha nous emmène dans le cheminement de la folie qui s’empare de Sombra sur fond de sorcellerie et de possession. Son style cinématographique se nourrit de plans lunaires de bidonville et d’un espace musical aux sonorités capeverdiennes. Dans la tradition stylée du personnage tragique, prisonnier d’un environnement hostile, Après la nuit se profile comme un film persuasif.
Après la nuit
durée : 1 h 35
Après la nuit, un film de Basil Da Cunha, Suisse/Portugal, VOST, 2013
Avec Pedro Ferreira (Sombra), Joao Veiga (Olos), Nelson Da Cruz Duarte Rodrigues (Nuvem), Paulo Ribeiro (Mix), Francisco Mota (Tchicks)
Après la nuit
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