Dans Ernest Guérin, peintre et enlumineur breton Anne Le Roux-Le Pimpec et Jean-Paul Eyraud proposent une fine analyse de l'oeuvre d'un artiste original trop méconnu, qui pratiqua avec le même bonheur la gouache, l'aquarelle et l'enluminure.
L’œuvre d’Ernest Guérin (1887-1952) occupe une place singulière dans le paysage artistique de la Bretagne. Publié à l'occasion de l'expo éponyme présentée au musée du Faouët (Morbihan), ce livre catalogue nous fait découvrir toute la richesse d'une oeuvre qui bien que quelquefois peu considérée connaît aujourd'hui un regain d'intérêt.
© Isabelle Guégan
Pardon de Notre-Dame du Folgoët (page 7),
aquarelle et encre sur papier,
22,7 x 42,1 cm.
A travers ses créations Ernest Guérin semble n'avoir eu de cesse d'exprimer l’authenticité de sa région rude et sauvage que ce soit à travers ses représentations de pardons, de bords de mer ou de campagne bretonne. Né à Rennes Ernest Guérin, choisit d’intégrer l’Ecole des Beaux-Arts de Rennes. L’artiste y fut initié à la pratique de la peinture par son directeur, Jules Ronsin, peintre portraitiste. Dans ce cadre privilégié, Guérin fut également formé auprès de Jean Lafon, peintre paysagiste spécialisé dans les figurations de marines.
Dépassant le cadre purement réaliste, si prisé à son époque !, l'artiste a puissamment marqué l'histoire picturale de la Bretagne que ce soit par la diversité de ses techniques et sources d'inspiration que par la force magnétique qui se dégage de ses coloris et de ses représentations. Enrichi par une belle iconographie, Le livre Ernest Guérin, peintre et enlumineur breton nous convoque sur les traces de cette oeuvre atypique.
© Isabelle Guégan
Comme les Bretons, par le conseil Merlin (page 26)..., planche XIV, 1914,
enluminure, aquarelle et gouache sur vélin,
28 x 23 cm (à vue).
Tout au long de sa formation, Ernest Guérin fut particulièrement attiré par l’œuvre des primitifs flamands, ainsi que par les techniques anciennes. En effet, l’artiste, en addition à sa pratique de la peinture à l’huile, de la gouache et de l’aquarelle, choisit d’étudier l’enluminure médiévale, qu’il implémenta dans son œuvre. « Tout comme à l'époque médiévale, Guérin use de la dorure, parfois à la feuille d'or, dans la décoration des manuscrits », précise dans le livre Anne Le Roux-Le Pimpec.
© Isabelle Guégan
Les Liseuses (page 40), 1920,
aquarelle et gouache.
L'on retrouve dans le catalogue cette éloquente citation de l'écrivain et folkloriste français d'origine bretonne Anatole Le Braz (1859-1926), soulignant l'importance de la temporalité dans l'oeuvre du peintre breton : « Lorsqu'Ernest Guérin eut placé sous mes yeux les spécimens qu'il apporta de ses oeuvres, j'eus le sentiment d'une accession, d'une remontée soudaine à travers les siècles, dans l'enfance merveilleuse de l'art chrétien où la vie naissait épique, où le miracle était la quotidienne réalité, où la légende courait les chemins, déployant sur le monde un voile qui la magnifiait. ».
© Isabelle Guégan
Jeune Fille de Plugastel-Daoulas (page 53),
aquarelle et mine de plomb sur papier,
30 x 22 cm (à vue).
Cette étrange temporalité, on la retrouve aussi bien dans ses paysages bretons peuplés de lieux granitiques et de petites silhouettes colorées que dans sa fascination pour le Moyen Age et ses légendes à travers ses figures chevaleresques et féminines.
Jean-Paul Eyraud propose une intéressante analyse du travail de cet artiste si attaché à la culture régionale : « Nous pouvons avoir deux lectures des oeuvres de Guérin : tout d'abord le personnage, le paysage ou l'évènement, au premier plan, attirent le regard de façon saisissante - on peut parler d'immédiateté au niveau de l'approche de l'oeuvre ou d'un effet "flash" - ; puis dans un second temps, les arrières-plans - petits tableaux dans le tableau - invitent à une lecture plus profonde, à une autre perception de l'aquarelle ou de la gouache, faisant appel à l'imagination et au rêve, et nous transportent dans un autre monde, sage ou fabuleux. » (page 19).
gravure sur bois, 16,2 x 18,5 cm.
Semblant voguer entre naturalisme et univers onirique, baignant dans la magie des paysages bretons et des traditions locales, les oeuvres raffinées de Guérin ne laissent pas indifférent. Et l'expo éponyme qui lui est consacrée actuellement au musée du Faouët est l'occasion de découvrir entre autres ses aquarelles vibrantes et stylisées de paysages de Basse-Bretagne.
Anne Le Roux-Le Pimpec, Jean-Paul Eyraud, Ernest Guérin, peintre et enlumineur breton, broché, grand format, Art/ catalogue d'exposition, éditions Coop Breizh, 96 pages, 2024
A signaler :
Expo Ernest Guérin, peintre et enlumineur breton présentée au musée du Faouët (Morbihan)
jusqu'au 6 octobre 2024
© Isabelle Guégan
La Fontaine Sainte-Marie-du-Ménez-Hom, vers 1940 (page 90)
aquarelle, gouache et mine de plomb sur papier,
48,5 x 62,5 cm + 2 x 48,5 x 21,5 cm.
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