lundi 4 septembre 2017

Expo Derain, Balthus, Giacometti, une amitié artistique



L’expo Derain, Balthus, Giacometti, une amitié artistique présente une sélection de 350 œuvres (peintures, sculptures, œuvres sur papier et photographies) de trois exceptionnels artistes, emblématiques de la modernité et des avant-gardes du XXe siècle.


Au début des années 30, cette rencontre décisive fut favorisée par la fréquentation du milieu surréaliste. A la fois amis et nourris par de proches influences esthétiques, Balthus, Giacometti et Derain ont su renouveler l’art de leur époque tout en exprimant dans leur œuvres une même passion pour la peinture classique, voire l’art primitif. Un peu plus âgé que Giacometti et Balthus, Derain fut pour eux une référence certaine. Le climat particulier des tableaux de Derain et de Balthus les rapproche, en particulier leurs portraits, nus et natures mortes. Outre de nous montrer des tableaux rarement vus car souvent issus de collections particulières, un des intérêts majeurs de la nouvelle expo du Musée d’Art moderne de la ville de Paris est de nous « révéler » cette troublante proximité esthétique, qui perce au-delà des trois univers artistiques personnels. 

© RMN-Grand Palais (musée de l'Orangerie) / Hervé Lewandowski © ADAGP, Paris 2017 André Derain (1880-1954), Arlequin et Pierrot, Huile sur toile, 175 x 175 cm, Collection Jean Walter et Paul Guillaume, Paris, musée de l'Orangerie

Ainsi, dans bon nombre de leurs tableaux, Derain et Balthus cultivent un goût commun pour la disposition méticuleuse des objets et pour les figures fixes et impénétrables sur fond sombre. A la fois réaliste, mystérieuse et suggestive, cette peinture nous oriente vers un climat très XVIIe siècle qui parfois peut rappeler Georges de La Tour, Vermeer, Baugin, Caravage ou les Le Nain. Quant à l’étrange matérialité froide et  la nudité squelettique qui se dégage des statuettes de Giacometti, elle nous évoque immédiatement l’aspect archaïque qui émane des puissantes sculptures de Derain. Les deux artistes partageaient une passion proverbiale pour l’art primitif. Derain avait déjà initié Picasso à l’art africain, lui faisant découvrir notamment les masques Fang (Gabon) ainsi que le fameux musée d’Ethnographie du Trocadéro. Quoique Derain est considéré comme un des peintres majeurs du XXe siècle, il n’a curieusement jamais eu droit dans histoire de l’art à l'avalanche d’honneurs - certes méritée -  accordée à ses illustres contemporains comme Matisse, Braque ou Picasso. En fait, ses choix esthétiques  déplaisaient à l’idéologie et au commerce des idées des officines artistiques d’après-guerre.

Balthus (1908 - 2001), Le Roi des chats, 1935, Huile sur toile, 78 x 49,5 cm, Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne, Suisse. Don de la Fondation Balthus Klossowski de Rola, 2016

Dans son passionnant et monumental ouvrage Derain, le titan foudroyé, Michel Charzat tente ainsi d’expliciter - dans son avant-propos - cette rencontre ratée entre le Derain post-fauviste et les élites artistiques de son époque : « André Derain ne cessa d’interroger et de remettre en cause, en même temps que son art, l’art de tous les temps. Sa démarche contredit la conception qui présente l’histoire de l’art comme une succession ininterrompue d’innovations. » C’est également tout l’intérêt de l’expo d’attirer l’attention sur  cette période  du second Derain. En effet, c’est la plus méconnue et la plus novatrice de l’homme. Il n’est guère étonnant dès lors qu’elle ait marqué puissamment Balthus et Giacometti [ainsi que d’autres artistes comme l’Allemand Lüpertz et les Français Mason et Garache]. Dans cette profusion d’œuvres exposées, l’on signalera - entre autres - les nombreux travaux de Derain pour le théâtre (costumes, décors, maquettes) ainsi que ses toiles tardives rarement montrées comme sa magnifique Grande Bacchanale noire (1939-1945). Au final, une expo passionnante retraçant les recherches de trois audacieux artistes, s’inscrivant pleinement entre recherche des origines et modernité éclatante. 

Expo Derain, Balthus, Giacometti, une amitié artistique
Musée d’Art moderne de la ville de Paris
11, avenue du Président Wilson
Paris 16e
horaires : tous les jours (sauf lundis et jours fériés) : 10 h-18 h, nocturne le jeudi jusqu’à 22 h

jusqu’au 29 octobre 2017









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