lundi 22 mai 2017

Expo Peindre la banlieue, de Corot à Vlaminck

A. Hervier de Romande
En barque sur la Marne, vers 1890
H/T, 128 x 171 
Musée de la ville de Nogent-sur-Seine

A travers 150 tableaux emblématiques du paysage de l’Ile-de-France, l’expo Peindre la banlieue, de Corot à Vlaminck retrace une passionnante histoire de la représentation artistique (de 1850 à 1950), des lieux champêtres prisés des peintres de Barbizon aux tableaux tourmentés de Marcel Gromaire et de Jean Delpech, reflets de l’industrialisation de la banlieue et du monde moderne.

Au Musée français de la Carte à Jouer d'Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) l’on peut découvrir cette  expo, qui retrace à travers une centaine de toiles les métamorphoses de la banlieue.

LUCE Maximilien 
La Seine à Issy-Les-Moulineaux, 1920 
Huile sur toile, 91 x 121 cm 
Musée Français de la Carte à Jouer et Galerie d’Histoire de la Ville,
 Issy-les-Moulineaux 

Les peintres paysagistes avaient élu domicile dans certaines villes : L’Isle-Adam, Nogent-sur-Marne, Herblay, Pontoise, Lagny, Poissy, Conflans-Sainte-Honorine, Chatou, Gentilly… Des plus connus (Corot, Manet, Utrillo, Pissaro, Caillebotte, Monet, Gauguin, Jongkind, Marquet, Dufy, Cézanne) aux plus confidentiels (Dupré, Dantan, Maincent, Vignon), ces nombreux artistes, tous fascinés par la banlieue, nous ont révélé par l’œuvre - outre leur approche picturale - leurs sujets favoris. Ainsi, à travers ses motifs, Pissaro privilégie dans sa représentation de la banlieue les rues calmes de village avec ou sans diligence.

LINT Alphonse 
Les Petits pêcheurs au pont de pierre de Lagny, vers 1895 
Huile sur toile, 88 x 130 cm 
Musée Gatien-Bonnet à Lagny-sur-Marne 

Quant à Monet, il choisit dans ses paysages des éléments urbains (docks, usine, chemin de fer). L’expo de l’Atelier Grognard s’avère d’autant plus intéressante qu’elle montre bien que la banlieue fut pour les artistes une source permanente d’inspiration, en partie grâce à l’essor au XIXe siècle des chemins de fer, qui facilitèrent les déplacements des peintres ainsi que les loisirs des couches populaires. En cela, « Au bord de la Seine » (1906) - tableau d’Albert André représentant un pique-nique familial - restitue avec subtilité le climat de la Belle Epoque, porté vers les guinguettes et les loisirs aquatiques. A la recherche de lieux simples, les peintres paysagistes apprécient les motifs « banals » comme les gares [Monet, La gare d’Argenteuil (1872), Dantan, La gare de Saint-Cloud (1880)], les péniches et bateaux lavoirs (Gleizes, Gausson, Guillaumin) ou les ponts (Luce, Loiseau, Maincent).

LUGNIER Jean 
Le Canal Saint-Denis sous un ciel d’orage, 1935
Huile sur toile, 65, 3 x 80,5 cm 
Musée d’Art et d’Histoire, Saint-Denis 

Ainsi, chaque artiste nous propose une vision caractéristique de la banlieue. Elle nous apparaît champêtre et rassurante chez Daubigny, Corot et Sisley. [Dans une des salles, on signalera l’amusant et bucolique Rentrée du troupeau (1853) d’Emile Cavallo-Peduzzi.] Chez des artistes comme Lugnier, Gromaire, Toffoli et Vlaminck, la banlieue se profile urbaine et anxyoène, comme dans La centrale électrique près de la Seine (1942), tableau de Jean Delpech, artiste qui entend dénoncer le paysage dénaturé de la banlieue industrielle. Egalement, à travers sa forte thématique de la banlieue, l’expo nous fait découvrir toute la modernité de grands peintres peu connus du grand-public, comme Gleises, Fontanarosa, Desnoyer, Herbin, Luce et L’Hôte.

DAMOYE Pierre-Emmanuel 
La Seine à Nanterre, vers 1880 
Huile sur bois, 30 x 60 cm 
Sceaux, musée du Domaine départemental 

Dans L’usine à gaz (1937), ce dernier nous offre une vision poétique de la banlieue, teintée d’humour. Quant au génial Gromaire, d’une modernité aussi éloquente que celle de L’Hôte mais dans un autre climat, on a écrit qu’ « il construit ses nus comme des cathédrales et traite les gratte-ciels comme des théorèmes ». L’on pourra découvrir trois de ses œuvres, dont  Les Bords de la Marne (1925), témoignage de ce réalisme inclassable, un peu inspiré des primitifs, qui caractérise le style si particulier de ce peintre que certains considèrent comme un des représentants de l’expressionnisme. Au final, l’expo Peindre la banlieue se révèle passionnante par sa diversité. Outre l’intérêt et la qualité des tableaux présentés, elle nous fournit de solides repères sur l’histoire et l’environnement social de la banlieue.

Expo Peindre la banlieue, de Corot à Vlaminck
Musée français de la Carte à Jouer
16, rue Auguste Gervais
Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine)

jusqu'au 29 juillet 2017


TOFFOLI Louis 
Quai à Ivry, 1951 
Huile sur isorel, 66 x 81,5 cm 
Musée du Domaine départemental, Sceaux

























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