lundi 23 mai 2016

Le Douanier Rousseau



Dans un livre doté d’une riche iconographie, à la fois plaisant et érudit, l’auteur et photographe allemand Klaus H. Carl évoque l’œuvre et la vie d’Henri Rousseau (1844-1910) dit « Le Douanier ». Naïve et exotique, la mystérieuse poésie  de cet  inclassable peintre fascina Picasso et Gauguin.


Quoique souvent considérée comme résultant de l’art naïf, la fraîcheur - et l’étrange excentricité - de l’art du Douanier Rousseau dépasse cette qualification restrictive. Sans doute, tout l’intérêt de ce livre consacré à ce maître de la peinture figurative de l’avant-garde française au tournant du XXe siècle est de nous familiariser avec la modernité picturale du Douanier Rousseau tout en proposant de solides repères biographiques.

La Charmeuse de serpents, 1907 
huile sur toile, 169 x 189,5 cm, Musée d’Orsay, Paris

Dans une langue simple aux analyses limpides, Klaus H. Carl nous relate une vie peuplée de drames familiaux et de tracas financiers, rappelant les thèmes intimes du peintre et la particularité de son art. Très stylisée, puisant souvent son inspiration dans les magazines, la peinture du Douanier Rousseau est imprégnée par une forte vision onirique et un humour discret. Son univers se profile peuplé de personnages emblématiques, de créatures fantastiques, d’animaux et de végétaux. Originaire de Laval, il vécut à Angers puis à Paris.

Portrait de Monsieur X (Pierre Loti), 1906 
huile sur toile, 114 x 165,1 cm, collection privée 

Pendant près de 20 ans le Douanier Rousseau mena une existence provinciale, travaillant à la porte de Vanves, percevant les taxes des paysans qui venaient vendre leurs produit en ville d’où le sobriquet de « Douanier » qu’Alfred Jarry lui affubla et qui lui colla à la peau pour la postérité. Complètement atypique, n’ayant suivi aucune formation artistique et raillé de son vivant, Rousseau prit sa retraite à 40 ans pour se consacrer entièrement à la peinture, sa principale passion à côté de la musique et de la poésie. 

La Belle et la Bête
huile sur toile, 32 x 41,5 cm, collection privée

A travers ses commentaires sur certaines reproductions photographiques de portraits, natures mortes, paysages ou scènes fantastiques, Klaus H. Carl dresse une très intéressante cartographie intimiste (quoique succincte) de l’oeuvre d’un artiste qui nous apparaît sous un angle goguenard et sentimental. Entre autres, l’auteur rappelle la phrase prophétique que le peintre avait adressé à Picasso lors du fameux banquet de 1908, organisé en son honneur à Montmartre par Apollinaire : « Nous sommes les deux plus grands peintres de notre temps, toi dans le genre égyptien, moi dans le genre moderne. » 

Klaus H. Carl, Le Douanier Rousseau, éditions Eyrolles, 192 pages, 2016

A signaler : Expo Le Douanier Rousseau. L’innocence archaïque
au Musée d’Orsay (Paris)

jusqu’au 17 juillet 2016

Douanier Rousseau, 1902
Library of Congress, Washington, D.C.



























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