Stoker

Nouveau film du metteur en scène d’origine coréenne Park Chan-Wook [Old Boy (2003), Thirst (2009)], Stoker se profile comme un thriller psychologique mâtiné de fantastique. Le scénario a été écrit par l’acteur Wentworth Miller, connu pour son rôle dans la série « Prison Break ».
A la suite de la mort de son père dans un étrange accident de voiture, une jeune fille (India) fait connaissance avec son oncle (Charles) - un homme mystérieux dont elle ignorait l’existence -, qui s’installe dans la superbe villa de ses parents. Long métrage au synopsis conventionnel et lorgnant - sans charme - vers des rivages hitchcokiens [lassants clins d’œil à Sueurs froides et à L’ombre d’un doute], Stoker surfe mollement sur la carte de l’ambivalence des êtres (l’attirance d’India pour son oncle, mêlée de crainte) avec un parfum toc d’ésotérisme - la jeune fille et l’oncle sont dotés de pouvoirs extra-sensoriels. Quant au personnage de la mère (Eve), interprétée par Nicole Kidman, il reste figé dans son rôle de belle plante oisive coincée entre deux givrés.

Stoker

Sans doute pour compenser l’ennui du scénario et la rareté des dialogues, le metteur en scène a cru bon recourir à quelques effets distractifs. Il filme abondamment villa et visages, nous abreuve de gros plans simplets - le fusil de chasse, la boîte à cadeaux, l’araignée qui remonte sur la jambe d’India - et nous concocte des petits meurtres familiaux de série B ringarde. Plat et sans nerfs, apparaissant le plus souvent comme un mix d'innombrables films de genre, Stoker avec ses personnages sur papier glacé fonctionne comme une longue suite narcissique de clichés sur une société américaine aisée à la fois détestée et vénérée : la jeune fille introspective à demi folle, le bellâtre harceleur, la bourgeoise oisive. Mais Park Chan-Wook n’est ni John Carpenter ni Brian de Palma. Et son film se profile terriblement lisse et ennuyeux.

durée : 1 h 40

Stoker, un film de Park Chan-Wook, avec Nicole Kidman, Matthew Goode, Mia Wasikowska, USA, 2013

Stoker