lundi 19 avril 2021

L’homme qui voulait tout - Napoléon, le faste et la propagande


Dans L’homme qui voulait tout, Napoléon, le faste et la propagande, Xavier Mauduit propose une passionnante biographie sur le personnage et la construction du mythe de Napoléon Ier. En cette veille de commémoration polémique du bicentenaire de la mort de Napoléon Ier l'angle de la propagande, choisi  par l'auteur, relance le vif débat sur le legs ambivalent du plus célèbre personnage historique français ! 
Adulé ou détesté, Napoléon  - depuis le début du XIXe siècle jusqu’à aujourd’hui - a toujours suscité d’innombrables écrits (pamphlet, historiographie, Mémoires) et occupé une place importante dans l’art, le cinéma, la télévision ou le merchandising. Journaliste et historien, Xavier Mauduit s’attache - tout en retraçant de façon synthétique le parcours de l'Empereur (de la Corse à Sainte-Hélène) - à décortiquer le processus de construction du personnage historique, soulignant (d’où le sous-titre) le faste et la propagande qui caractérisent le premier Empire.

Le général thaumaturge en Egypte : Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa, le 11 mars 1799,        huile sur toile d’Antoine-Jean Gros, 1804
©  RMN-Grand Palais (musée du Louvre)

D’emblée dans cet Homme qui voulait tout, c’est l’opportunisme de Napoléon qui frappe le plus. Malgré l'adversité, il traverse habilement chaque période décisive (Convention, Directoire, Consulat) de l’Histoire, sachant parfaitement gérer ses réseaux politiques, passant de la protection sulfureuse d’un frère de Robespierre à celle du trouble Barras, puis creuse son sillon glorieux tout en ménageant le chou entre affreux jacobins et royalistes revanchards. En ce qui concerne le faste, le cérémonial napoléonien - d’un luxe inouï - n’a rien à envier à celui de l’Ancien Régime. Ostentatoire au château de Malmaison et au palais des Tuileries, il culmine en 1804 avec le sacre de l’Empereur et Joséphine à Notre-Dame. Quant à l’omniprésente propagande napoléonienne à la gloire de l’Empire, elle est diffusée par le mode de la gazette [Les Bulletins de la Grande Armée] à destination des soldats et par les journaux pour le peuple.

La propagande au foyer : La lecture du Bulletin de la Grande Armée
huile sur toile de Louis-Léopold Boilly, 1807
© Saint Louis Art Museum

Dans le domaine artistique, les plus grands peintres (Gros, David, Isabey) servent également la bonne soupe napoléonienne, proposant dans leurs toiles une reconstitution - tronquée - des innombrables faits historiques qui caractérisent la période. A la lecture de L’homme qui voulait tout, l’on découvre avec intérêt le degré de perfection de cette communication politique à l’égard de tous promise à un si bel avenir. Facile à lire, l’ouvrage ne se contente pas de recenser des faits précis. Riche en anecdotes et illustré de nombreux documents en couleurs, il entraîne le lecteur dans les coulisses d’une mise en scène politique sans cesse renouvelée. Empruntant un mot familier au publicitaire Jacques Séguéla, l’on pourrait parler sans exagération de « marque » napoléonienne. D’une certaine façon, cette étude historique - très convaincante - met en exergue des mécanismes occultes qui ont non seulement fabriqué le mythe napoléonien mais aussi contribué au succès et à la persistance d’un régime autoritaire.

Xavier Mauduit, L’homme qui voulait tout - Napoléon, le faste et la propagande, éditions  Autrement, « collection Vies parallèles », nouvelle édition, 333 pages, 2021

A signaler :

Sur la 5 : Napoléon l'influenceur, diffusé le 23 avril (20 h 55) dans Le doc Stupéfiant
(disponible sur france.tv jusqu'au 30.04.21)

Sur la 3 : Napoléon, l'exilé de Sainte-Hélène, diffusé le lundi 19 avril (21 h) dans Secrets d'Histoire
(disponible sur france.tv jusqu'au 17.06.21)






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